Lithium de Manono certifié par Dathcom Mining : les dessous d’un complot dévoilés

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Si le récent rapport de l’Inspection Générale des Finances (en sigle IGF) a mis en lumière la mauvaise gestion et le bradage des actifs miniers de l’entreprise du Portefeuille Cominière par les membres de son conseil d’administration, une lettre, des documents connexes et trois audios parvenus à notre rédaction mettent à jour un complot ourdi dans l’ombre : vendre à tout prix, et au mépris des prescrits de la loi à un investisseur chinois, la participation de Cominière dans Dathcom Mining, la société joint-venture qu’elle détient avec l’australien AVZ International Ltd et Dathomir SASU, société de droit Congolais appartenant au discret mais non moins puissant Simon Cong Mao huai.

Tout commence quand la société minière chinoise ZijinMINING, à travers sa filiale Jin Cheng essaie vers Novembre 2021 d’acquérir les actions de Cominière au sein de Dathcom Mining, soit 15% de l’actionnariat de l’entreprise de joint-venture en Novembre 2021. Zijin et Cominière signent un accord de cession d’actions sans avoir avisé AVZ International ni lui avoir, au préalable, donné la possibilité d’exercer son droit de préemption ainsi que le prescrit la loi.

Devant le refus d’AVZ d’entériner cette cession irrégulière, Zijin et Cominière reviennent à la charge, non plus de manière frontale mais, tel un crabe, de biais.

Dans une lettre du 22 Octobre 2022 adressée à Cominière dans le but de ‘’faire avancer le Projet d’exploitation de lithium de Manono’’, Chen Jinghe, Président du Conseil d’Administration de Zijin Mining fait une proposition à son homologue intérimaire au sein de l’entreprise congolaise : tout faire pour acquérir la portion nord de la concession nord couverte par le Permis d’Exploitation 13359 de Dathcom Mining, une partie à laquelle l’entreprise aurait renoncé.

Mr Jinghe, qui décrit l’exercice par AVZ International de son droit de préemption sur toute proposition de vente par un actionnaire comme un ‘’usage abusif de sa majorité’’ informe Cominière de la volonté de sa société d’acquérir désormais ‘’la partie nord-est du PR 13359, la partie visée.’’

En contrepartie, Cominière se verra récompensée en recevant 29% du capital social de la sociétéa créer pour exploiter la portion convoitée du PE 13359.

Mais la partie ne s’annonce pas des plus simple : d’après le code minier, toute portion d’un permis auquel renonce son titulaire est d’abord reversée dans le domaine public de l’Etat quitte à toute personne intéressée d’en faire la demande au Cadastre Minier. Et vu les convoitises qu’attise le lithium en ce moment et le nombre de sociétés qui se bousculent au portillon de la RDC pour avoir une part du gâteau, il n’est pas sûr que la portion nord du PE 13359 revienne d’office a Zijin ou a sa filiale. Raison pour laquelle, la lettre, dans des termes non équivoques, exige que Cominière ‘’soit capable’’ d’obtenir cette portion de la concession et les droits qui s’y rattachent, à défaut de quoi Zijin ne lui rétrocédera pas les 15% de l’actionnariat de Dathcom qu’elle a acquis illégalement de Cominière pour la coquette somme de 33,4 millions de dollars américains mais dont elle est incapable de se prévaloir en vertu de l’exercice, par AVZ International, de son droit de préemption. Comme quoi, il n’est jamais bon de mettre la charrue proverbiale avant les bœufs…

Comme le dit si éloquemment la lettre de Zijin : ‘’Pour éviter toute ambiguïté, il convient de préciser que si COMINIERE ne parvient pas à céder légalement et effectivement le droit minier de la Partie Visée a la Joint-Venture, COMINIERE n’aura pas le droit d’exiger à JIN CHENG la rétrocession de 15% d’actions dans DATHCOM, ni le renoncement du payement qu’elle a effectue pour l’acquisition de 15% dans le capital de DATHCOM pour le compte de la COMINIERE.’’

Pour tout dire, Cominière perdrait tout et se retrouverait endettée à hauteur de 33,4 millions de dollars, une somme que cette entreprise, mal gérée et sans aucuns revenus, aurait tout le mal du monde à rembourser.

On comprend donc tout le désespoir de Cominière dont la haute direction, ainsi que le démontre le rapport de l’IGF, ont déjà dilapidé une partie de la somme lui versée, et qu’elle est d’ores et déjà incapable de rembourser à une Zijin aux abois qui s’est vue promettre la lune pour ne recevoir que du plomb. On comprend aussi le ton péremptoire de PCA de Zijin et les ordres au Conseil d’Administration de Cominière auquel elle s’adresse comme à de vulgaires laquais obéissants et soumis. Lesquels se sont empressés de faire pression sur une Ministre des Mines qui leur a octroyé un Arrêté Ministériel rapportant le PE 13359.

Comme le détaille si bien le rapport de l’IGF, Cominière illustre parfaitement la gestion calamiteuse des entreprises du Portefeuille et la façon dont elles colludent avec nombre de compagnies étrangères pour piller et brader les ressources naturelles qui reviennent de droit aux congolais.

(Dossier à suivre)

Par Mupungila Malu, Congo Nouveau et Leader.

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