Nouvel obstacle à la fusion entre Glencore et Xstrata, les deux géants du négoce et de la mine : la Commission européenne estime que les deux groupes fusionnés auraient une position dominante inacceptable dans le secteur du zinc.
L’alerte a été donnée par Eurofer, le lobby européen des industriels de l’acier. Le zinc est pour eux un ingrédient indispensable à la galvanisation de l’acier, utilisé dans la construction et l’automobile. Alors les aciéristes, déjà souffrants, ne veulent pas, en plus, se voir dicter les prix du zinc par un fournisseur en position dominante. C’est pourtant ce qui risquait de se produire si la fusion de Glencore et Xstrata avait lieu en l’état, a également conclu la Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe.
A lui seul, Glencore est déjà le deuxième producteur de minerai de zinc, Xstrata est le quatrième : à eux deux ils formeraient le champion mondial, devant le groupe indien Hindustan, grâce à un portefeuille minier très étoffé dans le zinc, qui va désormais du Canada à l’Australie en passant par le Burkina Faso et la Namibie. Soit 11,5% du marché international, un tiers à la moitié du marché européen. Mais ce qui dérange le plus la Commission de Bruxelles, c’est que Glencore est en outre actionnaire du numéro un mondial du raffinage de zinc, le Belge Nyrstar.
Glencore a même en 2008 conclu un accord exclusif pour écouler plus de 600 000 tonnes du zinc raffiné par ce groupe. Maintenant Glencore n’a pas beaucoup d’autre solution que d’abandonner tout ou partie des volumes liés à ce contrat, car il n’est pas question pour les futurs mariés de lâcher d’autres actifs, comme l’usine espagnole de San Juan de Nieva, la plus importante raffinerie de zinc au monde. Les concurrents de Glencore dans le négoce du zinc en Europe, tels que Trafigura, ou Louis Dreyfus, se frotteraient déjà les mains en espérant récupérer une partie de l’activité.
Ce qui est certain, c’est que les géants du négoce et de la mine, Glencore et Xstrata, vont devoir faire vite et céder suffisamment de terrain pour satisfaire les autorités européennes de la concurrence, s’ils veulent enfin fusionner, selon leur souhait, avant la fin de l’année. Sinon, l’ouverture d’une enquête européenne pourrait reporter la date du mariage de six mois supplémentaires. (Par Claire Fages)