Sicomines en RD Congo : Exit Exim Bank of China?

Copper produced in DR Congo (MNM Pic)

Mardi le 07 Mai, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo reconnaît sur  les antennes de Radio Okapi qu’il y a un problème à examiner en profondeur avec le partenariat chinois : ”Comme vous le savez, il y a beaucoup d’entreprises qui sont sur place et qui travaillent avec nous.  Il y en a qui travaillent avec des financements de ce partenariat avec la Chine et celles qui travaillent avec le financement du gouvernement. Disons que c’est une question d’actualité, nous continuions à y travailler. Peut-être dans les jours à venir

Selon Radiookapi.net, des rumeurs s’amplifient depuis Avril que la banque chinoise, China Exim Bank, qui finance les travaux de construction des entreprises chinoises en RDC, se serait rétractée.

Le 02 Mai, le journal kinois Congo News sécoue l’opinion congolaise avec son article titré Fini le “contrat chinois” – Exim Bank se retire sous la signature Paul Muland qui écrit : ”Kabila et son gouvernement viennent d’essuyer un échec de plus retentissant. Ils sont dans une impasse terrible. Et pour cause, le fameux « contrat chinois » -d’un montant initial de 9 milliards USD revu par la suite à la baisse pour 6.2 milliards USD sur conseil du Fonds monétaire international (FMI)- a du plomb dans l’aile après le retrait de China Export -Import (Exim Bank), l’unique financier de ce deal particulier où l’Etat s’était engagé à offrir ses mines contre un projet ambitieux de construction d’infrastructures. Cette nouvelle a été annoncée dans The  European Financial Review par Patrick Smith s’appuyant sur une étude de l’influence de la Chine en Afrique publiée en mars par Johanna Jansson sous le titre « China in African : Think again ».
Cette nouvelle est une véritable bombe car Joseph Kabila avait fait du contrat chinois la pierre angulaire de son ambitieux programme de reconstruction appelé « Cinq chantiers » avant d’être rebaptisé « révolution de la modernité ». Le motif de cette rétractation de la banque chinoise se justifie par le risque trop élevé que comporte ce contrat après le retrait de la garantie de l’Etat opérée en 2008 suite aux recommandations des institutions de Bretton Wood. Interrogé par  Johanna, Moïse Ekanga le responsable du Bureau de Coordination et de Suivi du Programme Sino-Congolais, la vraie appellation du “contrat chinois”, a affirmé que ce retrait découle du refus par le gouvernement de céder les 32% de la Gécamines dans la Sicomines. Les investisseurs chinois voulaient absolument avoir 100% de la Sicomines pour compenser l’absence de garantie de l’Etat.  La Sicomines est cette Joint-Venture qui garantissait les prêts chinois. L’Etat via la Gécamines y détient 32% contre 68% au consortium chinois. Elle a hérité de deux gisements riches en cuivre et cobalt, celles de Dikulwe et Mashamba au Katanga. La dernière a été dépossédée à l’homme d’affaires belge Forrest qui continue à réclamer son dû estimé à 800 millions USD. Pour Exim Bank, le retrait de la garantie de l’Etat avait lézardé l’édifice. Et pour le consolider, les chinois en vrais capitalistes, ont exigé les 32% de la Gécamines dans cette JV. De ce fait les chinois allaient contrôler la coentreprise à 100% de telle sorte que qu’on ne parlerait plus de JV mais d’une entreprise chinoise à part entière.
L’Etat n’a pas cédé à cette exigence d’Exim Bank d’où l’impasse dans lequel se trouve ce projet avec un décaissement qu’on peut qualifier de dérisoire. Sur les 3 milliards USD destinés aux projets d’infrastructures et sur les 3.2 milliards dédiés à l’érection de la mine, seuls à peine 468 millions USD en près de 5 ans ont été décaissés. Ce sont notamment les fameux « pas de porte » versés à la Gécamines » : 175 millions USD.
Le différend entre le gouvernement et la banque chinoise a donc eu raison du « contrat chinois ». Le dernier signe qui atteste de la crédibilité de cette information, c’est la lettre qu’Exim Bank a adressé à la Snel (société nationale d’électricité) et dans laquelle elle l’informait de son retrait du projet de construction de la centrale hydroélectrique de Busanga, celle même qui doit fournir de l’énergie à la Sicomines.
Selon Radio Okapi, ”la China Exim Bank se serait rétractée à cause du risque que comportent désormais les contrats chinois, après que l’Etat congolais ait retiré la garantie opérée en 2008 suite à des recommandations des institutions de Bretton Woods. En 2008, la RDC s’étaient engagée à offrir ses mines à la Chine contre un projet ambitieux de construction d’infrastructures. L’Etat aurait changé d’avis sous la pression de la Banque mondiale et du FMI.

Selon une source proche du bureau de coordination et de suivi du programme sino-congolais, pour garantir les prêts chinois, la banque chinoise exige désormais que le gouvernement congolais lui cède ses parts dans la Sicomines, une joint-venture dans laquelle l’Etat congolais, via la Gécamines, détient 32% de parts contre 68% du consortium chinois. Elle possède deux gisements riches en cuivre et cobalt de Dikulwe et Mashamba au Katanga. Le refus du gouvernement congolais de céder ses parts serait à la base du ralentissement du décaissement des fonds par la banque chinoise. Sur les trois milliards de dollars américains destinés aux projets d’infrastructures, seulement 468 millions seraient décaissés, notamment pour la construction de l’hôpital du cinquantenaire (100 millions), la construction du boulevard du 30 juin (54 millions), l’avenue du tourisme (44 millions), le tronçon de route entre Lubumbashi et Kasomeno (135 millions) et la bretelle Beni-Luna (64 millions).”

Mardi le 07 Mai, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo reconnaît sur les antennes de Radio Okapi qu’il y a un problème à examiner en profondeur avec le partenariat chinois : ”Comme vous le savez, il y a beaucoup d’entreprises qui sont sur place et qui travaillent avec nous. Il y en a qui travaillent avec des financements de ce partenariat avec la Chine et celles qui travaillent avec le financement du gouvernement. Disons que c’est une question d’actualité, nous continuions à y travailler. Peut-être dans les jours à venir nous vous donnerons une réponse beaucoup plus appropriée”, a expliqué le Premier ministre. Sans confirmer l’information, le Premier ministre à évoqué une ”question qui nécessite un examen en profondeur”.

Une véritable aubaine que les internaute et la radio trottoir se délectent en attendant la réponse appropriée de monsieur Matata.

Intéressé les déclarations, la rédaction de Mining News Magazine a fouillé dans ces archives pour en comprendre davantage et réalisé qu’il y a politisation d’un sujet aux contours essentiellement  techniques.

Qu’en est-il de Exim Bank of China?

La Banque d’Import-Export de Chine (The Export import Bank of China) est une banque à caractère dit politique, établie en 1994. L’Exim Bank of China est entièrement détenue par l’Etat chinois et relève directement de l’autorité du Conseil des Affaires d’Etat. Sa notation internationale de solvabilité est identique à la notation souveraine de la Chine.

Son siège se situe à Pékin, la banque ayant ouvert une dizaine de filiales commerciales et cinq bureaux de représentation en Chine. A l’étranger, l’Exim Bank of China a établi un bureau de représentation pour le Sud-est de l’Afrique, un bureau de représentation en France (Paris) ainsi qu’un bureau en Russie (Saint-Petersbourg). La banque a également noué des relations avec plus de 300 correspondants bancaires dans le monde.

L’Exim Bank of China est un acteur majeur à l’étranger du développement économique et commercial de la Chine et une composante significative du système financier chinois. Elle constitue le principal canal de financement à caractère dit politique des exportations de produits mécaniques et électroniques, installations clefs en main et produits issus de hautes technologies, ainsi que de contrats de travaux publics et de tous types d’investissements à l’étranger.

L’Exim bank of China joue également un rôle essentiel dans la rétrocession de prêts …

(Lire le dans Mining News Magazine N°074 de Mai 2013 dans les kiosques)

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